Dans un courrier, j’ai invité Yael Braun-Pivet, Présidente de l’Assemblée, à mettre en place un plan de reconnaissance de la santé menstruelle et gynécologique pour les employées de l’Assemblée nationale.
Madame la Présidente de l’Assemblée nationale,
Notre Assemblée a fait l’Histoire en actant en mars dernier la constitutionnalisation du droit à l’IVG. Pourtant, malgré cette avancée, le corps des femmes reste encore un tabou, en particulier lorsqu’il s’agit d’aborder la question des menstruations.
À ce sujet, la proposition de loi que j’ai récemment portée sur la reconnaissance de la santé menstruelle et gynécologique dans le monde du travail, ainsi que l’atelier de simulation de douleurs menstruelles expérimenté par plusieurs députés de tout bord, ont contribué à pointer la nécessité de ne plus laisser les femmes et les personnes menstruées souffrir en silence au travail.
En effet, les règles douloureuses, ou dysménorrhées, concernent une femme sur deux. 10% des femmes sont atteintes d’endométriose. Les symptômes incapacitants liés aux règles, aux pathologies gynécologiques -mais aussi à la ménopause- peuvent provoquer des difficultés importantes sur le lieu de travail, c’est d’ailleurs le cas de deux tiers des salariées. Lorsque ces douleurs deviennent insupportables, deux choix (qui n’en sont en réalité pas) s’offrent à elle : aller travailler dans la souffrance ou déposer un arrêt de travail et perdre jusqu’à 10% de leur salaire à cause des jours de carence. Les conséquences de l’invisibilisation de la santé menstruelle dans le monde du travail sont terribles, puisque près d’un quart des femmes atteintes d’endométriose, soit 625 000 femmes, déclare ainsi avoir changé de métier ou de statut afin d’adapter sa vie professionnelle.
Alors que les employées de l’Assemblée nationale n’échappent pas à cette réalité, je vous invite, Madame la Présidente, à mener une action forte et déterminée, en engageant des négociations avec les syndicats et les personnes employées concernées afin de mettre en place un plan de reconnaissance et de protection de la santé menstruelle et gynécologique des employées de l’Assemblée nationale. Ce plan pourrait ainsi s’appuyer sur les initiatives de ces derniers mois mises en place au sein des villes de Lyon, Strasbourg ou Saint Ouen ou encore à Carrefour, L’Oréal ou en Espagne en incluant notamment l’aménagement du poste et du temps de travail par l’instauration d’un arrêt menstruel sans jour de carence et la possibilité de télétravailler en cas de menstruations incapacitantes. Il pourrait également aborder la mise en place d’actions de prévention, d’accompagnement et de sensibilisation par la médecine du travail sur la santé menstruelle et gynécologique.
L’enjeu est de taille, il s’agit de prendre des mesures fortes pour faire de la santé menstruelle et gynécologique un enjeu de santé publique et d’égalité au travail afin d’éviter aux personnes employées par notre institution la double peine : celle de souffrir en silence ou de perdre de leur salaire.
Je me tiens à votre disposition afin d’en discuter plus longuement avec les syndicats, en copie de ce courrier, lors d’un éventuel rendez-vous prochainement.
Je vous prie de croire, Madame la Présidente, en l’assurance de ma plus haute considération.
Sébastien Peytavie
Député de la 4ème circonscription de Dordogne